C’est ensuite au tour d’Yves Desrichard de prendre la parole pour présenter le BBF. Il rappelle tout d’abord que ce dernier existe depuis 1956 et que son contenu et sa périodicité ont évolué au cours du temps. Le BBF est un bimestriel qui existe sous forme papier et en ligne. L’intégralité des numéros est disponible en ligne gratuitement. Le BBF comporte plusieurs rubriques dont des actualités (ouvrages parus, etc.), une rubrique « Tour d’horizon » qui revient sur des débats, journées d’études, etc., une rubrique « A propos » où paraissent des propositions d’articles spontanées. Le cœur du BBF est occupé par un dossier thématique. Ce dernier peut couvrir n’importe lequel des champs d’intervention des bibliothèques. Cela peut aller de l’évolution en matière de documentation universitaire à celle de la lecture publique, en passant par le fait religieux en bibliothèque.
Le dossier thématique du numéro 3 de cette année est consacré au concept de collection. Il invite à réfléchir à la définition de la bibliothèque, qui n’est plus simplement une collection, mais un ensemble de services autour des collections, et qui voit ses frontières évoluer au contact d’autres mondes qui proposent eux aussi l’accès à des collections.
Et en effet, rappelle Yves Desrichard, la collection est, dans l’histoire des bibliothèques, un élément fondateur. Tout s’est organisé, jusqu’à l’irruption du numérique, autour de la collection. On pourrait même aller jusqu’à dire que, si la bibliothèque pouvait se passer d’avoir des usagers, elle ne pouvait pas en revanche se passer de collections (mise en avant du nombre de volumes, de la présence d’estampes, d’incunables, etc.). L’identité professionnelle du bibliothécaire s’est donc construite autour de la collection et du catalogage, fondement du métier.
Avec le numérique, la nature des collections change, pour plusieurs raisons. D’autres acteurs que les bibliothèques proposent des collections (ex. Google), l’accès peut se faire à distance et les utilisateurs peuvent éventuellement interagir avec les collections. Alors qu’avant le numérique, une bibliothèque gérait et donnait accès à ses propres collections, les bibliothèques doivent aujourd’hui gérer des contenus qui ne leur appartiennent pas toujours – ce qui réclame des compétences techniques et juridiques. Tout ceci interroge donc les évolutions du métier de bibliothécaire.
Thomas Chaimbault revient sur le concept de collection et, reprenant l’article d’Emmanuelle Bermès et Frédéric Martin, il explique qu’il recouvre des réalités différentes. On peut distinguer une offre scientifique (les périodiques électroniques du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche), une offre culturelle (celle des bibliothèques municipales et régionales) et une offre patrimoniale (les collections numérisées par des établissements). A chacune de ces offres sa problématique spécifique ! Une collection numérique peut aussi bien être composée de documents hétérogènes, venir compléter une collection déjà existante ou bien rassembler des documents éparpillés géographiquement mais traitant d’une problématique similaire.
On comprend mieux les défis qui attendent la profession de bibliothécaire !
Un grand merci à Thomas Chaimbault et Yves Desrichard, qui nous ont fait faire découvrir l’ENSSIB et le BBF et nous ont éclairés sur les enjeux des mutations à venir !